Les Studios HOLPAC – PALMARÈS. La 28e édition du plus grand festival de cinéma africain s’est achevé samedi, sur le triomphe du film du jeune réalisateur tunisien Youssef Chebbi.
Le réalisateur tunisien Youssef Chebbi a triomphé ce samedi 4 mars, à Ouagadougou, en remportant la récompense suprême du Fespaco, le plus grand festival du cinéma africain. Le jeune réalisateur né à Tunis en 1984 a remporté l’Étalon d’or de Yennenga pour son film Ashkal. Saluant une « rigueur extrême » et un « travail qui sort de l’ordinaire », la présidente du jury, la Tunisienne Dora Bouchoucha, a précisé que l’Étalon d’or avait été remis à M. Chebbi à l’unanimité.
Triomphe tunisien
Dans ce polar qui se déroule dans les Jardins de Carthage à Tunis, un quartier abandonné après la chute du président Ben Ali en 2011, deux policiers mènent une enquête sur de mystérieuses immolations. « C’est une intrigue policière, mais en fait ça parle du peuple tunisien », a expliqué Dora Bouchoucha.
Le réalisateur tunisien devance deux femmes, la Burkinabée Apolline Traoré pour Sira, qui reçoit l’Étalon d’argent, et la Kényane Angela Wamai pour Shimoni, récompensée de l’Étalon de bronze. Depuis sa création en 1969, aucune femme n’a remporté la récompense suprême de ce grand festival africain du cinéma. 170 œuvres étaient en lice dans diverses catégories pour cette édition sur le thème « cinémas d’Afrique et culture de la paix ».
L’interprétation masculine et féminine reviennent à l’ensemble des acteurs et actrices de Sous les figues, de la réalisatrice tunisienne Erige Sehiri.
La Tunisie triomphe donc dans ce festival du cinéma africain, à l’heure où des centaines de ressortissants d’Afrique subsaharienne fuient le pays en raison d’agressions et de manifestations d’hostilité faisant suite à une violente charge du président Kaïs Saïed contre les migrants en situation irrégulière.
Le meilleur scénario a été décerné au Bleu du Caftan, de la Marocaine Maryam Touzani.
Une parenthèse culturelle
Quinze longs-métrages de fiction briguaient la récompense suprême, l’Étalon d’or de Yennenga, un prix d’une valeur de 20 millions de francs CFA (environ 30 000 euros). Cette 28e édition du festival s’est tenue dans un contexte sécuritaire très lourd au Burkina, secoué par la violence djihadiste depuis plusieurs années. Des dispositifs de sécurité, portiques, fouilles, militaires et policiers armés ont été mis en place devant les différents lieux du festival, qui a accueilli 20 000 invités, selon l’organisation.
En dépit de ce contexte, des projections ont eu lieu auprès de personnes déplacées en raison des attaques djihadistes, à Kaya (Centre-Nord) et à Dédougou (Centre-Ouest). Les attaques qui touchent surtout la moitié nord du pays n’ont toutefois pas cessé. Dimanche dernier, la ville de Partiaga (Nord-Est) a été attaquée par des djihadistes, faisant plusieurs morts parmi les habitants, selon des sources locales. Aucun bilan officiel n’a été communiqué.
Le Burkina Faso connaît une intensification des violences de groupes liés à Al-Qaïda ou l’État islamique depuis le début de l’année, avec plusieurs dizaines de morts – civils ou militaires – quasiment chaque semaine. Les violences ont fait depuis 2015 plus de 10 000 morts – civils et militaires – selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés. La prochaine édition du Fespaco est prévue pour se tenir du 22 février au 1er mars 2025.
Sélectionné à la quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes en France, Ashkal a également remporté l’Antigone d’or, la plus haute récompense du Festival du cinéma méditerranéen de Montpellier (sud-est de la France) en 2022.
PALMARÈS COMPLET DU FESPACO
Voici le palmarès de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), plus grand festival de cinéma africain, qui s’est achevé samedi :
FICTION LONG-MÉTRAGE
– Étalon d’or de Yennenga : « Ashkal » de Youssef Chebbi (Tunisie)
– Étalon d’argent : « Sira », d’Apolline Traoré (Burkina Faso)
– Étalon de bronze : « Shimoni » d’Angela Wamai (Kenya)
– Prix d’interprétation masculine : l’ensemble des acteurs de « Sous les figues » d’Erige Sehiri (Tunisie)
– Prix d’interprétation féminine : l’ensemble des actrices de « Sous les figues » d’Erige Sehiri (Tunisie)
– Meilleur décor : « Mami Wata » de Fiery Obasi (Nigeria)
– Meilleur montage : « Abu Saddam » de Nadine Khan (Égypte)
– Meilleur scénario : « Le Bleu du caftan » de Maryam Touzani (Maroc)
– Prix de l’image : « Mami Wata » de Fiery Obasi (Nigeria)
– Prix du son : « Ashkal » de Youssef Chebbi (Tunisie)
– Meilleure musique : « Our Lady of the Chinese Shop » d’Ery Claver (Angola)
– Mention spéciale du jury : « Regarde les étoiles » de David Constantin (Ile Maurice)
FICTION COURT-MÉTRAGE
– Poulain d’or fiction court-métrage : « Will my parents come to see me » de Mo Harawe (Somalie)
– Poulain d’argent fiction court-métrage : « A doll » d’Andriaminosa Hary et Joel Rakotovelo (Madagascar)
– Poulain de bronze fiction court-métrage : « Tsutsue » d’Amartei Armar (Ghana)
DOCUMENTAIRES
– Étalon d’or documentaire long-métrage : « Omi Nobu/L’Homme nouveau » de Carlos Yuri Ceuninck (Cap-Vert)
– Étalon d’argent documentaire long-métrage : « Nous, étudiants » de Rafiki Fariala (Centrafrique)
– Étalon de bronze documentaire long-métrage : « Gardien des mondes » de Leïla Chaïbi (Algérie)
– Poulain d’or documentaire court-métrage : « Angle mort » de Lofti Achour (Tunisie)
– Poulain d’argent documentaire court-métrage : « Katanga nation » de Beza Hailu Lemma (Éthiopie)
– Poulain de bronze documentaire court-métrage : « Kelasi » de Fransix Tenda Lomba (RDC)
– Mention spéciale du jury : « L’Envoyée de Dieu » d’Amina Mamani (Niger) et « Cuba en Afrique » de Negash Abdurahman (Éthiopie)
SECTION PERSPECTIVES
– Prix Paul Robeson au long-métrage documentaire « Le Spectre de Boko Haram » de Cyrielle Raingou (Cameroun)
SECTION BURKINA FASO
– Meilleur film burkinabé : « Laabli l’insaisissable » de Luc Youlouka Damiba.
– Meilleur espoir burkinabé : « Le Botaniste » de Floriane Zoundi